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Le guerrier-des-choses a entamé la danse finale avec la sordidité de l'étant-là-devant.   Une danse étrange et qui se meut dans de charmants détours.   Cependant, cela ne va pas sans difficultés, car il semble qu'il perde un de ses membres à chaque nouveau mouvement.   Le voilà déjà réduit à rien, à moins que rien !   Nous nous approchons de lui dans le délire de l'angoisse et lui lançons de façon extatique : « Ô toi que la peur n'a pas circonscrit, comment se fait-il que, tout en n'étant plus rien, tu sois encore en mesure de répondre à notre question, et qui est bien celle-ci : qu'était-ce donc que cette danse démesurée ? »  

Le guerrier anéanti se ressasse de lui-même et, du fond de son néant, nous répond : « La vie était cette coupe amère à laquelle je ne pouvais que boire, et je l'ai bue.   Mais qui boit de cette coupe, il ne tarde pas à prêter sa peau au glaive pour nourrir le Grand Dragon.   La vie était certes ce Grand Dragon, avec lequel j'ai dansé; qui m'a dévoré, mais tout en dansant; et pour lequel je suis mort, mais dans l'ivresse de la danse.  

Car la vie ne pardonne pas, elle est atroce, mais elle a au moins ceci de réconfortant dans la détresse qu'elle génère, —— c'est qu'elle est belle. »

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