J'ai beau retourner tout le donné, je ne vois pas comment ce raisonnement peut prouver pour plus que pour celui-qui-l'a-vécu. C'est-à-dire, en somme, qu'il ne prouve pas. Bien malin qui saurait prouver le contraire... Et cependant, —— ô Grâce! ——, il a prouvé pour lui, —— et en cela, il est parfaitement suffisant : quel besoin, en cet abord, aurait-il de prouver pour un autre que lui ? Il lui suffit d'assurer sans conteste possible que lui est sauvé, et alors, puisque lui a assumé la plus inane des formes, la plus retirée et comme la plus humble, comment, prouvant pour lui, ne prouverait-il pas aussi pour quiconque est plus fort que lui, —— c'est-à-dire, pour tout le monde ? N'est-il pas retiré à la marge des temps ? N'est-il pas habilement perdu dans l'empirie, troublé par le contingent ? Ne peut-on donc dire que rien en lui ne se tient, —— que tout devait (n'est-ce pas?) échouer !! Et aussi... —— c'est pour cela que sa réussite nous émeut. Loué soit-il, sélah !