au décours des nuits

L'Artisan des vies ne chômait pas de tisser et entretisser le cours de chaque existence au décours de chaque jour, comme au décours de chaque nuit.  Entre ses mains, la moindre parcelle de ce qui se prélassait sous le soleil venait à rencontrer sa consœur, et, de l'union de ces deux événements, naissait invariablement un troisième plus riche.  Puis, l'Artisan des vies prenait une pince pour couper court à telle ou telle variation de l'existence, et c'en était fait de tout.  

§.2  Nous autres, vivants, ne savions quelle était la valeur de tout cela.  Bien sottement, nous appelions de nos vœux un monde qui ne connût pas la discrépance, l'échec, l'éloignement.  Mais le soleil du monde n'eût pas pu vouloir de cela.  Car lui, il souhaitait que des choses existent et par-dessus tout leur ombre, mieux, il était la cause de cette ombre, mieux, il était cette ombre.  C'est ainsi que la différence dans les choses existe, et qu'il faut qu'elle se maintienne !

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