le cruchon

Le cruchon ne se désespérait pas d'être, trop souvent, vide.  Le cruchon ne se désespérait pas plus d'être, trop souvent également, plein.  Le cruchon passait un certain temps, c'est vrai, à être rempli, un temps équivalent à être vidé.  « Quand mon cruchon est plein, je le vide; quand il est vide, je le plains. »

§.2  La serviette qui assistait aux repas du cruchon (comprenez bien ce que ces mots veulent dire) ne se souciait pas précisément de ses inconstances et de son devenir.  Cependant, c'est bien en fonction de ceux-ci que, elle, la serviette, suivait son cours non moins incertain.  Dira-t-on que la serviette était insöuciante ?  Dira-t-on qu'elle portait à faux ?  

§.3  Le torchon qui essuyait les plats vidés à présent, non plus, non plus, pas davantage.  Dira-t-on que le torchon avait encore moins d'esprit que la serviette ?  Et pourtant, voyez : ceci est le point : ce sont ces ustensiles qui ne se souciaient de rien qui constituaient l'essence même du festin.  La vie soit aux plus enfants d'entre nous.

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