les polyèdres

Celui qui veut voir des fautes dans le monde commet sans doute lui-même une faute.  ²Les choses sont issues d'un découpage, c'est pourquoi à la place des choses il y a encore d'autres choses.  ³Parler de faute, c'est élever certaines choses à un certain plan.  ⁴Mais puisqu'on pourrait découper le monde autrement, les fautes pourraient être ailleurs.  

§.2  Au pays des polyèdres, il y en a de très coupants, avec des arêtes comme des fils de rasoir.  ²Il y en a aussi de plus ronds, de plus tendres, de plus doux.  ³Quand les polyèdres se rassemblent, il se crée forcément des contacts.  ⁴Alors, les durs éraflant les tendres, ces derniers sont coupés et se mettent à saigner.  ⁵Est-ce vraiment la faute des polyèdres durs ?  ⁶N'est-ce pas aussi celle des doux ?  

§.3  Même parler de forts et de faibles est une concession.  ²Personne ne se reconnaît comme faible, car le faible qui s'énonce en tant que tel se rebelle et donc s'attribue des prédicats de fort.  ³Je ne dis pas qu'il y arrive en fait, il peut rester un faible tout en aspirant à la force.  ⁴Mais le fait est qu'il y aspire.  ⁵La faute n'est ni dans les faibles, ni dans les forts, mais dans leur friction.

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