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des machines qui détruisent la valeur travail





En ce temps-là, on automatisait le labeur à tour de bras, —— ou plutôt faudrait-il dire, à grand renforts d'automates, logiciels, et autres futurs robots.  De ce fait, de nombreux qui eussent été ouvriers ou manœuvres, dans les temps passés, se retrouvaient dépossédés de l'occupation par laquelle ils eussent été salariés.  Occupation de toute une vie en laquelle Proudhon lui-même voyait ce qui fait la dignité de l'homme !  

On avait essayé de trouver un moyen de rendre au peuple ce qui constituait le noyau de son existence...  Car, en effet, on eût aussi bien pu dire que désormais l'humanité allait vivre dans le temps libre, le loisir, et dominer ces machines qui travaillaient à sa place... mais cette vision était vraiment trop utopique : —— d'une part, il n'est pas donné à tout le monde, en l'absence d'une solide formation culturelle, d'occuper son loisir sans végéter ni s'ennuyer...  —— et surtout, la perspective de confier à l'humanité la tâche subalterne de l'amusement, quand les ressorts de la société eussent été dans la poigne des machines, elles régissant tout, était plus qu'alarmante !  

Donc, il aurait fallu recréer de la valeur travail... mais on ne trouvait guère comment.  Escape voyait cela, et disait quant à lui : « Puisque là où dix personnes travaillaient antérieurement, il suffit maintenant d'une personne chapeautant dix machines (et peut-être un jour de seulement dix machines, sans plus de personne pour les surveiller), et puisque ce qu'il convient de rétablir, c'est l'activité et la dignité de dix personnes, la solution qui s'impose est de rendre un ressort à chacune de ces dix personnes sur chacune des dix machines.  Par exemple, lorsqu'un chef d'entreprise remplace un salarié par une machine, au lieu de verser une indemnité de licenciement au salarié mis sur la touche, il pourrait lui offrir une part des droits qui règlent l'apport et la régulation de la machine...  À charge, éventuellement, que cet ex-employé devienne maintenant en partie le tuteur (plus encore que le propriétaire ou le gardien) de la machine sur qui il a désormais des droits, et qu'il s'efforce de participer à l'effort collectif vers davantage de richesse et de bien-être((??))

    
Voilà quelle était à peu près la situation, avant que ne se généralise l'ère de l'automation :

    ouvriers/employés
  
  
      chômeurs


      retraités




Voilà ce qu'elle est à l'heure où j'écris ces lignes (les données numériques sont fantaisistes, ce qui compte est de saisir l'idée d'ensemble, la tendance de l'évolution) :

    ouvriers/employés
  
  
      chômeurs


      retraités




L'idée que font passer ces petits crobards, c'est qu'il y a de moins en moins de travailleurs, pour de plus en plus de machines qui les remplacent, et qu'il y a de plus en plus de chômeurs, et de plus en plus de retraités (avec un problème évident du fait qu'il va y avoir du mal à assurer leurs retraites).  

Essayons d'aborder la question de manière abstraite (certes, on pourra nous le reprocher)...  D'une certaine manière, l'ouvrier ou l'employé qu'on remplace par une machine se voit privé de son emploi, lequel assure à la fois sa subsistance (par son salaire), et sa dignité (par le fait qu'il avait part aux processus de production, et de décision, et donc encore à la création de richesse commune)
((??))

    
Bien entendu, on pourrait décider que cette histoire de dignité est hors-sujet, d'abord parce que ce n'est pas un concept économique, et ensuite parce que, au fond, il est possible qu'il n'y ait rien de digne dans le fait de tourner des boulons ou remplir des formulaires.  

—— 
Concernant le premier point, c'est plus une force de notre approche qu'un défaut, car en matière de choix sociétaux, on doit prendre en compte aussi bien des éléments de type éthique que des réalités purement quantitatives.  Ainsi, je ne renie pas l'emploi du mot « dignité »...  

—— 
Concernant le second point, comme on l'a dit dans le texte de cette page, il est vrai que le travail humain est généralement aliénant, et qu'on devrait en quelque sorte « être comme les lis des champs, qui ne filent ni ne tissent ».  Cependant, disposer d'une activité, qu'elle soit manuelle, intellectuelle, artistique ou autre, permet aux hommes de se réaliser...  De plus, la question qu'on adresse ici est plus pointue que la seule question du labeur/travail : le problème, en effet, est de savoir, qui des hommes ou des machines, doit assurer le rôle régulateur de l'économie, et la prise de décision...  À force de déléguer leur capacité productive à des automates, les hommes finiront par ne plus jouer qu'un rôle passif ou secondaire dans la production... cela ne doit jamais arriver !  Pour cette raison, il est bon que l'homme continue d'envisager positivement le « travail »...  


.  De plus, par cette action, on supprime un cotisant, donc on aura un peu plus de mal à assurer la pension d'un retraité (cette manière de parler est un véritable raccourci, car bien entendu, on peut rétablir un cotisant de plus par d'autres moyens, et de plus le problème générationnel est un autre problème qui va de son côté, néanmoins, continuons à lire ce qui suit, et nous verrons où je veux en venir...).  

On peut résoudre ces deux problèmes, en recourant à deux innovations :
:
—— D'une part, puisque ce sont maintenant des machines qui travaillent à la place des salariés qui ont été mis sur la touche, autant considérer qu'elles créent des richesses...  Donc : Faisons-les cotiser !   Ces machines qui désormais cotiseront assureront les retraites
((??))

    
On dira peut-être : « Comment voulez-vous que des machines cotisent, puisqu'elles ne sont pas salariées ? »  

Mais je fais le pari que les machines du futur seront des robots capables de se reprogrammer en partie afin d'améliorer leur productivité, et que, afin que ces robots puissent acheter les modules qui leur manquent, ils toucheront un salaire.  Il semble aussi probable qu'ils auront une certaine capacité sociale, qui, même si elle reste rudimentaire, leur permettra d'être modérément adaptatifs.  


.  
:
—— D'autre part, puisque mettre sur la touche un salarié revient à priver un quantum d'humanité de son « pouvoir décisionnel », restituons du pouvoir de décision à l'humanité, en créant un droit de l'humain sur la machine !  
Plus précisément, au moment où l'ouvrier ou le salarié est remplacé par une machine, plutôt que de lui verser une indemnité de licenciement, octroyons-lui une certaine quantité de « capital-décision » sur la machine qui le remplace, c'est-à-dire un ensemble de pouvoirs qui lui permettent de décider comment orienter une partie (pas forcément grande) de la productivité de la machine, et donnons-lui la responsabilité d'améliorer le rendement de la machine et la qualité de sa production (par exemple, en déterminant de quelle manière la machine s'achète de nouveaux modules).  En clair, le salarié ou l'ouvrier mis sur la touche devient « le tuteur de sa machine » (et non pas son capitaliste ou son propriétaire).  


... »  

On me dit qu'il faudrait une éducation pour cela...  Eh bien, tant mieux, et d'ailleurs l'effort pédagogique en ce sens créera, lui aussi, de l'emploi.  Et quand bien même les choses ne tourneraient pas ainsi, on a avantage à poser le problème.  N'est-il pas ?  * Question ! *

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  [Œuvre d'Escape, 1990-2015 (achevée, présentée au monde), auteur initial : Escape, France].  
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