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entrer dans le monde ?





Le retiré du monde nous confie : « Quand j'étais jeune étudiant, je ne comprenais pas grand-chose des affaires mondaines.  On peut dire que c'était une étude d'à-côté, dans laquelle je n'avais pas du tout souhaité m'investir.  Mais, quand ce fut l'anniversaire de notre professeur, voici que mes camarades cherchèrent à lui faire un cadeau, un beau...  Or, j'offrais quelque chose d'assez bien tourné, mais sans excès, tandis que de partout les autres allèrent chercher quelque chose de bien flagorneur...  

Ne pas flatter les vaines puissances, c'est cela « ne pas entrer dans le monde ».  Or, cela procédait-il ou non d'un calcul ?  À vrai dire, je n'y entendais pas tant, et plus encore je n'entendais pas m'y entendre.  Mais cela nous amène loin : car, qu'est-ce que le monde, surtout lorsqu'on fait ses premières armes dedans ?  

Quand tel est le cas, le monde est l'association des salopards, et entrer dans le monde revient à s'assimiler à l'ordre de ceux-ci, déjà assemblés.  Le jeune qui s'essaie au monde, s'il est de l'espèce commune, cède à l'association des salopards, parce qu'il y trouve avantage : et, pour commencer, il y trouvera les honneurs et des partenaires, en grand nombre, parce qu'il sera entré dans le système.  

S'il est d'une espèce moins commune, il voudra ne pas s'assimiler à l'association, et, se révoltant contre elles, il entrera dans les gangs.  Moyennant quoi, quelque belle appréciera sa hargne, il prendra une attitude, et finalement, il se retrouvera l'équivalent d'un salopard sans même à aucun moment s'en être rendu compte.  Ce qui, étant donné la perte en termes de conscience de soi, est peut-être pire encore que le cas précédent...  

Alors, il reste celui qui se retire du monde, qui n'attend rien de la société, qui part au désert...  Mais, pourra-t-on toujours vivre ainsi ?  La société un jour fera de lui un proverbe, ou une occasion de risée.  Seul, au loin, tout se refuse à lui, à moins qu'il ne vienne comme une tentation.  Mais, sis dans l'imaginaire plus encore que le réel ((!?))

     réel —— Le réel, mot qui vient du latin « res », qui veut dire : « une chose ».   Le mot « res » a donné en français les mots réel et réalité, car ce qui est réel, c'est ce qui correspond à une chose, et la réalité, c'est le domaine des choses (dont on peut parler).  

Le mot « 
res » a aussi donné le mot « rien » !   Le sens premier du mot « rien » était « une chose », un peu comme l'anglais anything.   Ainsi, quand on demande si on a besoin de rien, ou qu'on dit que quelqu'un est rien content, ou qu'on se plaint d'un rien, cela veut dire : « une chose ».  

Ce sens demeure dans la façon moderne de parler, car si on dit qu'on ne veut rien, cela veut effectivement dire qu'« on ne veut une chose », autrement dit, qu'il n'est pas une seule chose qu'on veuille.  

Dans le
Colloque des Oisives, « réel » renvoie au régime des choses qui tapissent l'existence, donc d'une certaine manière c'est bel et bien ce que tout le monde entend usuellement par « réel », mais cela va un peu plus loin, car on veut aussi désigner par là « le monde des choses spécifiquement » (ainsi, une maison ou une voiture sont plus des choses qu'un être humain ou qu'une prière, par exemple).  

De plus, le sens négatif de « réel » qui le relie à « rien » n'est pas non plus absent, et, si l'on sait lire avec
cautèle, on pourra trouver à l'occasion une connotation qui va dans ce sens.


, une terrible vérité lui échoit, à lui, hors de tout.  C'est l'homme du désert... »

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  [Œuvre d'Escape, 1990-2015 (achevée, présentée au monde), auteur initial : Escape, France].  
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